Written by
Charles Webb |
Treacherous as trap door spiders,
they ambush children's innocence.
"Why is there g h in light? It isn't fair!"
Buddha declared the world illusory
as the p sound in psyche. Sartre
said the same of God from France,
Olympus of silent letters, n'est -ce pas?
Polite conceals an e in the same way
"How are you?" hides "I don't care."
Physics asserts the desk I lean on,
the brush that fluffs my hair,
are only dots that punctuate a nullity
complete as the g sound in gnome,
the c e in Worcestershire.
Passions lurk under the saint's bed,
mute as the end of love.
They glide toward us, yellow eyes
gleaming, hushed as the finality
of hate, malice, snake.
As easily predict the h in lichen,
choral, Lichtenstein,
as laws against throttling rats,
making U-turns on empty streets.
Such nonsense must be memorized.
"Imagine dropkicking a spud,"
Dad said. "If e breaks off
your toe, it spoils your potato."
Like compass needles
pointing north, silent letters
show the power of hidden things.
Voiced by our ancestors,
but heard no more, they nudge
our thoughts toward death,
infinity, our senses' inability
to see the earth as round,
circling the sun in a universe
implacable as "Might Makes Right,"
ineffable as tomorrow's second r,
incomprehensible as imbroglio's g,
the e that finishes inscrutable,
imponderable, immense,
the terrifying k in "I don't know."
|
Written by
Charles Baudelaire |
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons,
Et quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes, ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde.
C'est l'Ennui!- L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
--Hypocrite lecteur, --mon semblable, --mon frère!
|
Written by
Archibald MacLeish |
We too, we too, descending once again
The hills of our own land, we too have heard
Far off --- Ah, que ce cor a longue haleine ---
The horn of Roland in the passages of Spain,
The first, the second blast, the failing third,
And with the third turned back and climbed once more
The steep road southward, and heard faint the sound
Of swords, of horses, the disastrous war,
And crossed the dark defile at last, and found
At Roncevaux upon the darkening plain
The dead against the dead and on the silent ground
The silent slain---
|
Written by
T S (Thomas Stearns) Eliot |
LE garçon délabré qui n’a rien à faire
Que de se gratter les doigts et se pencher sur mon épaule:
“Dans mon pays il fera temps pluvieux,
Du vent, du grand soleil, et de la pluie;
C’est ce qu’on appelle le jour de lessive des gueux.”
(Bavard, baveux, à la croupe arrondie,
Je te prie, au moins, ne bave pas dans la soupe).
“Les saules trempés, et des bourgeons sur les ronces—
C’est là, dans une averse, qu’on s’abrite.
J’avais sept ans, elle était plus petite.
Elle était toute mouillée, je lui ai donné des primevères.”
Les taches de son gilet montent au chiffre de trentehuit.
“Je la chatouillais, pour la faire rire.
J’éprouvais un instant de puissance et de délire.”
Mais alors, vieux lubrique, à cet âge...
“Monsieur, le fait est dur.
Il est venu, nous peloter, un gros chien;
Moi j’avais peur, je l’ai quittée à mi-chemin.
C’est dommage.”
Mais alors, tu as ton vautour!
Va t’en te décrotter les rides du visage;
Tiens, ma fourchette, décrasse-toi le crâne.
De quel droit payes-tu des expériences comme moi?
Tiens, voilà dix sous, pour la salle-de-bains.
Phlébas, le Phénicien, pendant quinze jours noyé,
Oubliait les cris des mouettes et la houle de Cornouaille,
Et les profits et les pertes, et la cargaison d’étain:
Un courant de sous-mer l’emporta très loin,
Le repassant aux étapes de sa vie antérieure.
Figurez-vous donc, c’était un sort pénible;
Cependant, ce fut jadis un bel homme, de haute taille.
|
Written by
Guillaume Apollinaire |
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile
Nous l'enverron en message téléphonique
Truamatisme géant
Il fait couler les yeux
Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bignorneaux Lotte multiples Soleils et l'Oursin du couchant
Une vielle paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marrones
Et l'oie oua-oua trompette au nord
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver
O Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les Antilles
Le fenêtre s'ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière
|
Written by
Dimitris P Kraniotis |
Une boule
les prières
murmurent
peureuses.
Des «Moi» bêtes
s’ inondent,
sans que tu saches
jamais,
ce que je demande.
|
Written by
Federico García Lorca |
Su luna de pergamino
Preciosa tocando viene
por un anfibio sendero
de cristales y laureles.
El silencio sin estrellas,
huyendo del sonsonete,
cae donde el mar bate y canta
su noche llena de peces.
En los picos de la sierra
los carabineros duermen
guardando las blancas torres
donde viven los ingleses.
Y los gitanos del agua
levantan por distraerse,
glorietas de caracolas
y ramas de pino verde.
Su luna de pergamino
Preciosa tocando viene.
Al verla se ha levantado
el viento que nunca duerme.
San Cristobal?n desnudo,
lleno de lenguas celestes,
mira a la ni?a tocando
una dulce gaita ausente.
Ni?a, deja que levante
tu vestido para verte.
Abre en mi dedos antiguos
la rosa azul de tu vientre.
Preciosa tira el pandero
y corre sin detenerse.
El viento-hombr?n la persigue
con una espada caliente.
Frunce su rumor el mar.
Los olivos palidecen.
Cantan las flautas de umbr?a
y el liso gong de la nieve.
?Preciosa, corre, Preciosa,
que te coge el viento verde!
Preciosa, corre, Preciosa!
?M?ralo por donde viene!
S?tiro de estrellas bajas
con sus lenguas relucientes.
Preciosa, llena de miedo,
entra en la casa que tiene,
m?s arriba de los pinos,
el c?nsul de los ingleses.
Asustados por los gritos
tres carabineros viene,
sus negras capas ce?idas
y los gorros en las sienes.
El ingl?s da a la gitana
un vaso de tibia leche,
y una copa de ginebra
que Preciosa no se bebe.
Y mientras cuenta, llorando
su aventura a aquella gente,
en las tejas de pizarra
el viento, furioso, muerde.
|
Written by
Paul Eluard |
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources de couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
|
Written by
Victor Hugo |
("En ce temps-là du ciel les portes.")
{Bk. I. v., December, 1822.}
The golden gates were opened wide that day,
All through the unveiled heaven there seemed to play
Out of the Holiest of Holy, light;
And the elect beheld, crowd immortal,
A young soul, led up by young angels bright,
Stand in the starry portal.
A fair child fleeing from the world's fierce hate,
In his blue eye the shade of sorrow sate,
His golden hair hung all dishevelled down,
On wasted cheeks that told a mournful story,
And angels twined him with the innocent's crown,
The martyr's palm of glory.
The virgin souls that to the Lamb are near,
Called through the clouds with voices heavenly clear,
God hath prepared a glory for thy brow,
Rest in his arms, and all ye hosts that sing
His praises ever on untired string,
Chant, for a mortal comes among ye now;
Do homage—"'Tis a king."
And the pale shadow saith to God in heaven:
"I am an orphan and no king at all;
I was a weary prisoner yestereven,
My father's murderers fed my soul with gall.
Not me, O Lord, the regal name beseems.
Last night I fell asleep in dungeon drear,
But then I saw my mother in my dreams,
Say, shall I find her here?"
The angels said: "Thy Saviour bids thee come,
Out of an impure world He calls thee home,
From the mad earth, where horrid murder waves
Over the broken cross her impure wings,
And regicides go down among the graves,
Scenting the blood of kings."
He cries: "Then have I finished my long life?
Are all its evils over, all its strife,
And will no cruel jailer evermore
Wake me to pain, this blissful vision o'er?
Is it no dream that nothing else remains
Of all my torments but this answered cry,
And have I had, O God, amid my chains,
The happiness to die?
"For none can tell what cause I had to pine,
What pangs, what miseries, each day were mine;
And when I wept there was no mother near
To soothe my cries, and smile away my tear.
Poor victim of a punishment unending,
Torn like a sapling from its mother earth,
So young, I could not tell what crime impending
Had stained me from my birth.
"Yet far off in dim memory it seems,
With all its horror mingled happy dreams,
Strange cries of glory rocked my sleeping head,
And a glad people watched beside my bed.
One day into mysterious darkness thrown,
I saw the promise of my future close;
I was a little child, left all alone,
Alas! and I had foes.
"They cast me living in a dreary tomb,
Never mine eyes saw sunlight pierce the gloom,
Only ye, brother angels, used to sweep
Down from your heaven, and visit me in sleep.
'Neath blood-red hands my young life withered there.
Dear Lord, the bad are miserable all,
Be not Thou deaf, like them, unto my prayer,
It is for them I call."
The angels sang: "See heaven's high arch unfold,
Come, we will crown thee with the stars above,
Will give thee cherub-wings of blue and gold,
And thou shalt learn our ministry of love,
Shalt rock the cradle where some mother's tears
Are dropping o'er her restless little one,
Or, with thy luminous breath, in distant spheres,
Shalt kindle some cold sun."
Ceased the full choir, all heaven was hushed to hear,
Bowed the fair face, still wet with many a tear,
In depths of space, the rolling worlds were stayed,
Whilst the Eternal in the infinite said:
"O king, I kept thee far from human state,
Who hadst a dungeon only for thy throne,
O son, rejoice, and bless thy bitter fate,
The slavery of kings thou hast not known,
What if thy wasted arms are bleeding yet,
And wounded with the fetter's cruel trace,
No earthly diadem has ever set
A stain upon thy face.
"Child, life and hope were with thee at thy birth,
But life soon bowed thy tender form to earth,
And hope forsook thee in thy hour of need.
Come, for thy Saviour had His pains divine;
Come, for His brow was crowned with thorns like thine,
His sceptre was a reed."
Dublin University Magazine.
|
Written by
Charles Baudelaire |
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infame
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur etait si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'ou sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiete
Nous regardait d'un oeil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
--Et poutant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
|