Written by
T S (Thomas Stearns) Eliot |
LE garçon délabré qui n’a rien à faire
Que de se gratter les doigts et se pencher sur mon épaule:
“Dans mon pays il fera temps pluvieux,
Du vent, du grand soleil, et de la pluie;
C’est ce qu’on appelle le jour de lessive des gueux.”
(Bavard, baveux, à la croupe arrondie,
Je te prie, au moins, ne bave pas dans la soupe).
“Les saules trempés, et des bourgeons sur les ronces—
C’est là, dans une averse, qu’on s’abrite.
J’avais sept ans, elle était plus petite.
Elle était toute mouillée, je lui ai donné des primevères.”
Les taches de son gilet montent au chiffre de trentehuit.
“Je la chatouillais, pour la faire rire.
J’éprouvais un instant de puissance et de délire.”
Mais alors, vieux lubrique, à cet âge...
“Monsieur, le fait est dur.
Il est venu, nous peloter, un gros chien;
Moi j’avais peur, je l’ai quittée à mi-chemin.
C’est dommage.”
Mais alors, tu as ton vautour!
Va t’en te décrotter les rides du visage;
Tiens, ma fourchette, décrasse-toi le crâne.
De quel droit payes-tu des expériences comme moi?
Tiens, voilà dix sous, pour la salle-de-bains.
Phlébas, le Phénicien, pendant quinze jours noyé,
Oubliait les cris des mouettes et la houle de Cornouaille,
Et les profits et les pertes, et la cargaison d’étain:
Un courant de sous-mer l’emporta très loin,
Le repassant aux étapes de sa vie antérieure.
Figurez-vous donc, c’était un sort pénible;
Cependant, ce fut jadis un bel homme, de haute taille.
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Written by
Judith Skillman |
Poem by Anne-Marie Derése
La nuit s'ouvre, l'orage,
accouplement mauve,
boursouflure.
Le ciel chargè
comme un bateau marchand
jette l'ancre.
Le danger plus lourd
chaque instant
distille une moiteur
de serre.
Miroitante de mercure,
la vallèe des sept Meuses
souffle la brume
par ses narines grises.
La vallèe a rejoint la nuit,
deux femelles humides
que l'orage pènétre.
Et moi, debout,
dans le vent anxieux,
j'espére la dèchirure.
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Written by
William Topaz McGonagall |
Smiths Buildings No. 19
Patons Lane,
Dundee.
Sept the 6th. 1877.
Most August! Empress of India, and of great Britain the Queen,
I most humbly beg your pardon, hoping you will not think it mean
That a poor poet that lives in Dundee,
Would be so presumptous to write unto Thee
Most lovely Empress of India, and Englands generous Queen,
I send you an Address, I have written on Scotlands Bard,
Hoping that you will accept it, and not be with me to hard,
Nor fly into a rage, but be as Kind and Condescending
As to give me your Patronage
Beautiful Empress, of India, and Englands Gracious Queen,
I send you a Shakespearian Address written by me.
And I think if your Majesty reads it, right pleased you will be.
And my heart it will leap with joy, if it is patronized by Thee.
Most Mighty Empress, of India, and Englands beloved Queen,
Most Handsome to be Seen.
I wish you every Success.
And that heaven may you bless.
For your Kindness to the poor while they are in distress.
I hope the Lord will protect you while living
And hereafter when your Majesty is ... dead.
I hope the Lord above will place an eternal Crown! upon your Head.
I am your Gracious Majesty ever faithful to Thee,
William McGonagall, The Poor Poet,
That lives in Dundee.
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Written by
Guillaume Apollinaire |
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
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