Written by
T S (Thomas Stearns) Eliot |
ILS ont vu les Pays-Bas, ils rentrent à Terre Haute;
Mais une nuit d’été, les voici à Ravenne,
A l’aise entre deux draps, chez deux centaines de punaises;
La sueur aestivale, et une forte odeur de chienne.
Ils restent sur le dos écartant les genoux
De quatre jambes molles tout gonflées de morsures.
On relève le drap pour mieux égratigner.
Moins d’une lieue d’ici est Saint Apollinaire
En Classe, basilique connue des amateurs
De chapitaux d’acanthe que tournoie le vent.
Ils vont prendre le train de huit heures
Prolonger leurs misères de Padoue à Milan
Où se trouvent la Cène, et un restaurant pas cher.
Lui pense aux pourboires, et rédige son bilan.
Ils auront vu la Suisse et traversé la France.
Et Saint Apollinaire, raide et ascétique,
Vieille usine désaffectée de Dieu, tient encore
Dans ses pierres écroulantes la forme précise de Byzance.
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Written by
Victor Hugo |
("Comment, disaient-ils.")
{XXIII., July 18, 1838.}
How shall we flee sorrow—flee sorrow? said he.
How, how! How shall we flee sorrow—flee sorrow? said he.
How—how—how? answered she.
How shall we see pleasure—see pleasure? said he.
How, how! How shall we see pleasure—see pleasure? said he.
Dream—dream—dream! answered she.
How shall we be happy—be happy? said he.
How, how! How shall we be happy—be happy? said he.
Love—love—love! whispered she.
EVELYN JERROLD
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Written by
Andre Breton |
Je connais le d?sespoir dans ses grandes lignes. Le d?sespoir n'a pas d'ailes, il ne
se tient pas n?cessairement ? une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de
la mer. C'est le d?sespoir et ce n'est pas le retour d'une quantit? de petits faits
comme des graines qui quittent ? la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas
la mousse sur une pierre ou le verre ? boire. C'est un bateau cribl? de neige, si vous
voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre ?paisseur. Je
connais le d?sespoir dans ses grandes lignes. Une forme tr?s petite, d?limit?e par un
bijou de cheveux. C'est le d?sespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait
trouver de fermoir et dont l'existence ne tient pas m?me ? un fil, voil? le d?sespoir.
Le reste, nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de des?sp?rer, si nous
commen?ons. Moi je d?sesp?re de l'abat-jour vers quatre heures, je d?sesp?re de
l'?ventail vers minuit, je d?sesp?re de la cigarette des condamn?s. Je connais le
d?sespoir dans ses grandes lignes. Le d?sespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours
au d?sespoir hors d'haleine, au d?sespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est
mort. Je vis de ce d?sespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le
ciel ? l'heure o? les ?toiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le
d?sespoir aux longs ?tonnements gr?les, le d?sespoir de la fiert?, le d?sespoir de
la col?re. Je me l?ve chaque jour comme tout le monde et je d?tends les bras sur un
papier ? fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec d?sespoir que je
d?couvre les beaux arbres d?racin?s de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des
baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le d?sespoir dans ses grandes
lignes. C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on id?e d'un d?sespoir
pareil! Au feu! Ah! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les r?clames
lumineuses le long du canal. Tas de sable, esp?ce de tas de sable! Dans ses grandes
lignes le d?sespoir n'a pas d'importance. C'est une corv?e d'arbres qui va encore faire
une for?t, c'est une corv?e d'?toiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une
corv?e de jours de moins qui va encore faire ma vie.
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Written by
Guillaume Apollinaire |
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
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Written by
Guillaume Apollinaire |
Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes
Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï
Je connais des gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs coeurs bougent comme leurs portes
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Written by
Ellis Parker Butler |
Upon Bottle Miche the autre day
While yet the nuit was early,
Je met a homme whose barbe was grey,
Whose cheveaux long and curly.
“Je am a poete, sir,” dit he,
“Je live where tres grande want teems—
I’m faim, sir. Sil vous plait give me
Un franc or cinquatite centimes.”
I donne him vingt big copper sous
But dit, “You moderne rhymers
The sacre poet name abuse—
Les poets were old timers.”
“Je know! I know!” he wept, contrite;
“The bards no more suis mighty:
Ils rise no more in eleve flight,
Though some are beaucoup flighty.
“Vous wonder why Je weep this way,
Pour quoi these tears and blubbers?
It is mon fault les bards today
Helas! suis mere earth-grubbers.
“There was a time when tout might see
My grande flights dans the saddle;
Crowned rois, indeed, applauded me
Le Pegasus astraddle.
“Le winged horse avec acclaim
Was voted mon possession;
Je rode him tous les jours to fame;
Je led the whole procession.
“Then arrivee the Prussian war—
The siege—the sacre famine—
Then some had but a crust encore,
We mange the last least ham-an’
“Helas! Mon noble winged steed
Went oft avec no dinner;
On epics il refusee feed
And maigre grew, and thinner!
“Tout food was gone, and dans the street
Each homme sought crusts to sate him—
Joyeux were those with horse’s meat,
And Pegasus! Je ate him!”
My anger then Je could not hide—
To parler scarcely able
“Oh! curses dans you, sir!” Je cried;
“Vous human livery stable!”
He fled! But vous who read this know
Why mon pauvre verse is beaten
By that of cinquante years ago
‘Vant Pegasus fut eaten!
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