Written by
Paul Valery |
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
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Written by
T S (Thomas Stearns) Eliot |
LE garçon délabré qui n’a rien à faire
Que de se gratter les doigts et se pencher sur mon épaule:
“Dans mon pays il fera temps pluvieux,
Du vent, du grand soleil, et de la pluie;
C’est ce qu’on appelle le jour de lessive des gueux.”
(Bavard, baveux, à la croupe arrondie,
Je te prie, au moins, ne bave pas dans la soupe).
“Les saules trempés, et des bourgeons sur les ronces—
C’est là, dans une averse, qu’on s’abrite.
J’avais sept ans, elle était plus petite.
Elle était toute mouillée, je lui ai donné des primevères.”
Les taches de son gilet montent au chiffre de trentehuit.
“Je la chatouillais, pour la faire rire.
J’éprouvais un instant de puissance et de délire.”
Mais alors, vieux lubrique, à cet âge...
“Monsieur, le fait est dur.
Il est venu, nous peloter, un gros chien;
Moi j’avais peur, je l’ai quittée à mi-chemin.
C’est dommage.”
Mais alors, tu as ton vautour!
Va t’en te décrotter les rides du visage;
Tiens, ma fourchette, décrasse-toi le crâne.
De quel droit payes-tu des expériences comme moi?
Tiens, voilà dix sous, pour la salle-de-bains.
Phlébas, le Phénicien, pendant quinze jours noyé,
Oubliait les cris des mouettes et la houle de Cornouaille,
Et les profits et les pertes, et la cargaison d’étain:
Un courant de sous-mer l’emporta très loin,
Le repassant aux étapes de sa vie antérieure.
Figurez-vous donc, c’était un sort pénible;
Cependant, ce fut jadis un bel homme, de haute taille.
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Written by
Guillaume Apollinaire |
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
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Written by
Victor Hugo |
("Dérision! que cet amour boiteux.")
{HERNANI, Act III.}
O mockery! that this halting love
That fills the heart so full of flame and transport,
Forgets the body while it fires the soul!
If but a youthful shepherd cross my path,
He singing on the way—I sadly musing,
He in his fields, I in my darksome alleys—
Then my heart murmurs: "O, ye mouldering towers!
Thou olden ducal dungeon! O how gladly
Would I exchange ye, and my fields and forests,
Mine ancient name, mine ancient rank, my ruins—
My ancestors, with whom I soon shall lie,
For his thatched cottage and his youthful brow!"
His hair is black—his eyes shine forth like thine.
Him thou might'st look upon, and say, fair youth,
Then turn to me, and think that I am old.
And yet the light and giddy souls of cavaliers
Harbor no love so fervent as their words bespeak.
Let some poor maiden love them and believe them,
Then die for them—they smile. Aye! these young birds,
With gay and glittering wing and amorous song,
Can shed their love as lightly as their plumage.
The old, whose voice and colors age has dimmed,
Flatter no more, and, though less fair, are faithful.
When we love, we love true. Are our steps frail?
Our eyes dried up and withered? Are our brows
Wrinkled? There are no wrinkles in the heart.
Ah! when the graybeard loves, he should be spared;
The heart is young—that bleeds unto the last.
I love thee as a spouse,—and in a thousand
Other fashions,—as sire,—as we love
The morn, the flowers, the overhanging heavens.
Ah me! when day by day I gaze upon thee,
Thy graceful step, thy purely-polished brow,
Thine eyes' calm fire,—I feel my heart leap up,
And an eternal sunshine bathe my soul.
And think, too! Even the world admires,
When age, expiring, for a moment totters
Upon the marble margin of a tomb,
To see a wife—a pure and dove-like angel—
Watch over him, soothe him, and endure awhile
The useless old man, only fit to die;
A sacred task, and worthy of all honor,
This latest effort of a faithful heart;
Which, in his parting hour, consoles the dying,
And, without loving, wears the look of love.
Ah! thou wilt be to me this sheltering angel,
To cheer the old man's heart—to share with him
The burden of his evil years;—a daughter
In thy respect, a sister in thy pity.
DONNA SOL. My fate may be more to precede than follow.
My lord, it is no reason for long life
That we are young! Alas! I have seen too oft
The old clamped firm to life, the young torn thence;
And the lids close as sudden o'er their eyes
As gravestones sealing up the sepulchre.
G. MOIR.
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Written by
Delmore Schwartz |
Caesar, the amplifier voice, announces
Crime and reparation. In the barber shop
Recumbent men attend, while absently
The barber doffs the naked face with cream.
Caesar proposes, Caesar promises
Pride, justice, and the sun
Brilliant and strong on everyone,
Speeding one hundred miles an hour across the land:
Caesar declares the will. The barber firmly
Planes the stubble with a steady hand,
While all in barber chairs reclining,
In wet white faces, fully understand
Good and evil, who is Gentile, weakness and command.
And now who enters quietly? Who is this one
Shy, pale, and quite abstracted? Who is he?
It is the writer merely, with a three-day beard,
His tiredness not evident. He wears no tie.
And now he hears his enemy and trembles,
Resolving, speaks: "Ecoutez! La plupart des hommes
Vivent des vies de desespoir silenciuex,
Victimes des intentions innombrables. Et ca
Cet homme sait bien. Les mots de cette voix sont
Des songes et des mensonges. Il prend choix,
Il prend la volonte, il porte la fin d'ete.
La guerre. Ecoutez-moi! Il porte la mort."
He stands there speaking and they laugh to hear
Rage and excitement from the foreigner.
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