Written by
Charles Baudelaire |
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur,
D'aller là-bas, vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir,
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés,
De ces ciels brouillés,
Pour mon esprit ont les charmes,
Si mystérieux,
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe,calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
--Les soleils couchants
Revêtent les champs
Les canaux, la ville entière
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
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Written by
Philip Larkin |
Those long uneven lines
Standing as patiently
As if they were stretched outside
The Oval or Villa Park
The crowns of hats the sun
On moustached archaic faces
Grinning as if it were all
An August bank Holiday lark;
And the shut shops the bleached
Established names on the sunblinds
The farthings and sovereigns
Adn dark-clothed children at play
Called after kings and queens
The tin advertisements
For cocoa and twist and the pubs
Wide open all day;
And the countryside ont caring:
The place-names all hazed over
With flowering grasses and fields
Shadowing Domesday lines
Under wheat's restless silence;
The differently-dressed servants
With tiny rooms in huge houses
The dust behind limousines;
Never such innocence
Never before or since
As changed itself to past
Without a word--the men
Leaving the gardens tidy
The thousands of marriages
Lasting a littlewhile longer:
Never such innocence again.
1964
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Written by
Philip Larkin |
Talking in bed ought ot be easiest
Lying together there goes back so far
An emblem of two people being honest.
Yet more and more time passes silently.
Outside the wind's incomplete unrest
builds and disperses clouds about the sky.
And dark towns heap up on the horizon.
None of this cares for us. Nothing shows why
At this unique distance from isolation
It becomes still more difficult to find
Words at once true and kind
Or ont untrue and not unkind.
1964
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Written by
T S (Thomas Stearns) Eliot |
ILS ont vu les Pays-Bas, ils rentrent à Terre Haute;
Mais une nuit d’été, les voici à Ravenne,
A l’aise entre deux draps, chez deux centaines de punaises;
La sueur aestivale, et une forte odeur de chienne.
Ils restent sur le dos écartant les genoux
De quatre jambes molles tout gonflées de morsures.
On relève le drap pour mieux égratigner.
Moins d’une lieue d’ici est Saint Apollinaire
En Classe, basilique connue des amateurs
De chapitaux d’acanthe que tournoie le vent.
Ils vont prendre le train de huit heures
Prolonger leurs misères de Padoue à Milan
Où se trouvent la Cène, et un restaurant pas cher.
Lui pense aux pourboires, et rédige son bilan.
Ils auront vu la Suisse et traversé la France.
Et Saint Apollinaire, raide et ascétique,
Vieille usine désaffectée de Dieu, tient encore
Dans ses pierres écroulantes la forme précise de Byzance.
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Written by
Victor Hugo |
("Les Turcs ont passés là.")
{XVIII., June 10, 1828.}
All is a ruin where rage knew no bounds:
Chio is levelled, and loathed by the hounds,
For shivered yest'reen was her lance;
Sulphurous vapors envenom the place
Where her true beauties of Beauty's true race
Were lately linked close in the dance.
Dark is the desert, with one single soul;
Cerulean eyes! whence the burning tears roll
In anguish of uttermost shame,
Under the shadow of one shrub of May,
Splashed still with ruddy drops, bent in decay
Where fiercely the hand of Lust came.
"Soft and sweet urchin, still red with the lash
Of rein and of scabbard of wild Kuzzilbash,
What lack you for changing your sob—
If not unto laughter beseeming a child—
To utterance milder, though they have defiled
The graves which they shrank not to rob?
"Would'st thou a trinket, a flower, or scarf,
Would'st thou have silver? I'm ready with half
These sequins a-shine in the sun!
Still more have I money—if you'll but speak!"
He spoke: and furious the cry of the Greek,
"Oh, give me your dagger and gun!"
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Written by
Richard Brautigan |
La voyageuse qui traverse les Halles à la tombée de l'été
Marchait sur la pointe des pieds
Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux
Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
Que seule a respiré la marraine de Dieu
Les torpeurs se déployaient comme la buée
Au Chien qui fume
Ou venaient d'entrer le pour et le contre
La jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biais
Avais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtre
Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée
Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers
La dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont-au-Change
Rue Git-le-Coeur les timbres n'étaient plus les mêmes
Les promesses de nuits étaient enfin tenues
Les pigeons voyageurs les baisers de secours
Se joignaient aux seins de la belle inconnue
Dardés sous le crêpe des significations parfaites
Une ferme prospérait en plein Paris
Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée
Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants
Des survenants qu'on sait plus devoués que les revenants
Les uns comme cette femme ont l'air de nager
Et dans l'amour il entre un peu de leur substance
Elle les interiorise
Je ne suis le jouet d'aucune puissance sensorielle
Et pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendres
Un soir près de la statue d'Etienne Marcel
M'a jeté un coup d'oeil d'intelligence
a-t-il dit passe
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