Written by
Victor Hugo |
("Tu domines notre âge; ange ou démon, qu'importe!")
{I. vii.}
Angel or demon! thou,—whether of light
The minister, or darkness—still dost sway
This age of ours; thine eagle's soaring flight
Bears us, all breathless, after it away.
The eye that from thy presence fain would stray,
Shuns thee in vain; thy mighty shadow thrown
Rests on all pictures of the living day,
And on the threshold of our time alone,
Dazzling, yet sombre, stands thy form, Napoleon!
Thus, when the admiring stranger's steps explore
The subject-lands that 'neath Vesuvius be,
Whether he wind along the enchanting shore
To Portici from fair Parthenope,
Or, lingering long in dreamy reverie,
O'er loveliest Ischia's od'rous isle he stray,
Wooed by whose breath the soft and am'rous sea
Seems like some languishing sultana's lay,
A voice for very sweets that scarce can win its way.
Him, whether Paestum's solemn fane detain,
Shrouding his soul with meditation's power;
Or at Pozzuoli, to the sprightly strain
Of tarantella danced 'neath Tuscan tower,
Listening, he while away the evening hour;
Or wake the echoes, mournful, lone and deep,
Of that sad city, in its dreaming bower
By the volcano seized, where mansions keep
The likeness which they wore at that last fatal sleep;
Or be his bark at Posillippo laid,
While as the swarthy boatman at his side
Chants Tasso's lays to Virgil's pleased shade,
Ever he sees, throughout that circuit wide,
From shaded nook or sunny lawn espied,
From rocky headland viewed, or flow'ry shore,
From sea, and spreading mead alike descried,
The Giant Mount, tow'ring all objects o'er,
And black'ning with its breath th' horizon evermore!
Fraser's Magazine
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Written by
Victor Hugo |
("Un Ange vit un jour.")
{LA PITIÉ SUPREME VIII., 1881.}
When an angel of kindness
Saw, doomed to the dark,
Men framed in his likeness,
He sought for a spark—
Stray gem of God's glory
That shines so serene—
And, falling like lark,
To brighten our story,
Pure Pity was seen.
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Written by
Charles Baudelaire |
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infame
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur etait si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'ou sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiete
Nous regardait d'un oeil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
--Et poutant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
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